J’étais là de Gayle Forman

Age : 15 ans et +
Éditeur : Hachette jeunesse (2015)
370 pages

Note : 4 out of 5 stars

Lorsqu’elle apprend que sa meilleure amie Meg s’est suicidée, Cody ne comprend pas. Elle n’a rien vu venir de la méticuleuse préparation de ce geste chez sa confidente de toujours. Le lieu, la méthode, la lettre, les affaires bien rangés, Meg n’a rien laissé au hasard. Pour affronter la douleur de l’avoir perdu à jamais, Cody décide d’enquêter sur les derniers mois de la jeune fille et de découvrir pourquoi Meg a pris la décision de se suicider.

Gayle Forman a habitué ses lecteurs à des textes aux thèmes difficiles. Dans J’étais là, c’est la question du suicide qui est abordée. Un sujet connu de l’auteur car elle a écrit il y a plusieurs années un article sur ce thème. A cette occasion elle avait rencontré des familles et amies de jeunes femmes qui s’étaient suicidées et en particulier avait pris connaissance de l’histoire de Suzy Gonzales. C’est parce que le parcours amenant Suzy Gonzales au suicide avait marqué Gayle Forman, que l’auteur a bien plus tard eu envie de le raconter dans J’étais là.

C’est à travers le destin de ceux qui restent que la narration de J’étais là commence. Et en particulier à travers le regard de Cody. Meg était sa meilleure amie. Elles ont quasiment été élevées ensembles, comme deux sœurs car Cody entretient avec sa mère une relation complexe. Indissociables, toujours fourrés ensemble, liées par une amitié à toute épreuve, confidentes l’une pour l’autre, Cody et Meg étaient unis pour toujours. Aussi, lorsque Meg commet ce geste Cody ne s’y attend pas et elle peine à comprendre le sens du mail laissé par Meg. C’est parce qu’elle veut des réponses que Cody va enquêter.

J’étais là est un roman sans tabou sur le suicide. Un drame qui ne masque rien de la tragédie et nous entraîne  jusque dans les méandres d’un web obscur où des forums défendent sans complexe des idées pro-suicidaires. L’existence de tels sites internet fait froid dans le dos mais n’est en effet ( et malheureusement) pas du tout anecdotiques.
J’étais là est aussi un roman sur la culpabilité que l’on peut ressentir après un tel événement. Tous les protagonistes de cette histoire se sentent responsables du suicide de Meg, à commencer par Cody. Elle se sent coupable de n’avoir pas détecté les changements d’attitude de Meg, les signes qui annonçaient le geste… alors même qu’elle était sa meilleure amie.

J’étais là se construit comme une enquête policière. Cody fouille les traces que Meg a bien voulu laisser et assemble les pièces du puzzle. Elle n’hésite pas à se mettre elle-même en danger pour obtenir des réponses. A travers cette démarche, le lecteur éprouve pour Cody un véritable attachement. Loin de se laisser abattre par la tristesse de la situation, Cody préfère construire son propre chemin vers la rédemption. J’étais là est donc aussi un roman sur l’acceptation et le pardon.  Ainsi, Cody dans sa quête de réponses va être amener à réfléchir à ses propres positions, sa propre attitude des derniers mois mais aussi à affronter les marques de son histoire personnelle qu’elle cache au fond d’elle même. Dans son enquête, elle croisera d’autres personnes qui ont fréquenté Meg et prendra du recul sur la tragédie. Ce long cheminement personnel vers la quête de réponses l’amènera à traverser les États-Unis pour pouvoir revenir avec un poids en moins sur le cœur et accepter le suicide.

En quelques mots :

J’étais là est un roman dramatique qui aborde sans aucune forme de tabou la question du suicide du jeune fille. A travers l’enquête que conduit sa meilleure amie Cody, le lecteur découvre le parcours sombre qui a mené Meg au suicide. De la rencontre avec ses anciens colocataires à la découverte d’un forum défendant des idées pro-suicidaires, Cody ne laissera aucune question lui échapper car elle veut aller au bout de sa démarche. Avec les épreuves et les découvertes qu’elle fera lors de son enquête, Cody se confronte avec elle-même et son passé.
J’étais là est un roman fort qui nous entraîne au cœur d’un drame où chacun est envahi par la culpabilité de n’avoir rien vu venir.

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