L’Heure de l’ange d’Anne Rice

Age : 15 ans et +
Éditeur :  Michel Lafon (2010)
270 pages

Note : 4 out of 5 stars

Toby O’ Dare ou encore Lucky le renard, le narrateur de cette histoire, a plusieurs identités et exerce le métier de tueur pour l’Homme juste. Surnommé le “tueur à l’aiguille” sa dernière mission, éprouvante, le conduit à Mission Inn, un lieu où il a coutume de se rendre lorsqu’il souhaite oublier son quotidien. Son crime commis, un ange nommé Malchiah vient à sa rencontre et prétend connaître toute l’existence de Toby. Malchiah charge bientôt le jeune homme d’une nouvelle mission où, propulsé dans le Moyen Age, à Norwitch, il va devoir aider une famille juive, accusée de meurtres rituels…

Anne Rice est très connue pour son livre Entretien avec un vampire qui fut aussi adapté en film avec Tom Cruise, Brad Pitt et Kristen Dunst, ainsi que ses livres Chroniques des vampires. Mais cette auteur renommée dans le domaine des vampires se tourne à un moment où les histoires de ceux-ci fleurissent en littérature, vers des êtres entourés d’une aura toute aussi mystérieuse : les anges.
Le livre met en scène un jeune tueur de vingt-huit ans broyé par la vie, Toby, et qui met fin à celle des autres avec un sang-froid et une impartialité à vous glacer le sang. Dépourvu de sentiments, d’attaches, il est un jeune homme en pleine errance qui ne trouve une accroche qu’en celui qu’il surnomme l’Homme juste, qui l’a sauvé dix ans auparavant.
La première partie de l’Heure de l’ange est très tournée sur le ressenti de Toby ou Lucky lorsqu’il doit se rendre à Mission Inn : c’est l’entrée d’une action meurtrière dans son quotidien et cela bouleverse ses habitudes. L’explication de son métier est longue et passionnante où le style d’Anne Rice, épuré, est au service de la psychologie de son personnage.
Peu après surgit Malchiah qui va prendre la parole et remplacer Toby dans le rôle de narrateur. Le récit est éprouvant, dur et tragique. Enfin, à partir de la moitié de l’Heure de l’ange commence la narration de la mission au Moyen Age de Toby : l’introduction peut sembler un peu trop longue avant qu’Anne Rice introduise enfin le nœud de l’histoire mais elle est nécessaire et se révèle intéressante et capitale pour comprendre au fur et à mesure quel est le véritable rôle de cette aventure, qui, au premier abord, peut paraître étrange.
Toby va vivre une initiation de lui même et rencontrer l’amour familial qu’il n’a jamais connu, il sort transformé de cette aventure où Malchiah incarne en effet très bien le rôle d’ange gardien.
La seconde partie de l’Heure de l’ange a été pour moi la plus captivante et alors que j’ai traîné pour lire les 130 premières pages, j’ai dévoré les 130 suivantes : il y a vraiment une cassure dans l’histoire à partir du moment où on se rend compte du lien qui unit les 130 premières pages au 130 dernières par la mission au Moyen Age. Le livre se charge d’autres histoires et l’action devient plus présente face au psychologique (qui ne reste pourtant pas en reste). La deuxième partie est très documentée sur les martyrs juifs et donne au roman toute sa crédibilité.
Bien entendu le livre d’Anne Rice est chargé de références religieuses comme elle en a l’habitude, et c’est d’ailleurs tout autour de ce thème qu’elle construit l’Heure de l’ange, sans pour autant prôner la foi car Anne Rice ne pose rien comme acquis et porte un regard critique sur la religion chrétienne et juive. c’est une histoire qui se révlè profonde et humaine. Elle aborde d’ailleurs la nature humaine et le héros fait à la fois l’apprentissage de lui-même, comme je l’ai déjà dit, mais aussi l’apprentissage des autres au travers de l’amitié.
Anne Rice se glisse parfaitement dans ses personnages en faisant le choix de raconter à la première personne, donnant un ton intimiste au récit. Les descriptions sont précises, permettant une immersion rapide. Enfin, l’ambiance est particulière, le monde semble envahit par la nuit.
Toby est un personnage singulier, immoral mais aussi à la recherche constante de pureté et il exerce son métier avec une esthétique pure, quasi artistique. Il joue du luth, un instrument qu’il affectionne plus que tout, sorte d’extension de lui-même et également seule chose en laquelle il croit et ait confiance (en dehors du mystérieux Homme juste).
Une première rencontre littéraire avec Anne Rice pour moi et j’ai été charmée par l’auteur 😉

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