Marina de Carlos Ruiz Zafon

Age :  15 ans et +
Éditeur : Pocket jeunesse (2011)
340 pages

Note : 5 out of 5 stars

Oscar vit à Barcelone dans un internat. Il aime sortir seul après les cours et se promener dans les rues. Un jour, il pénètre dans une maison, vole une montre par mégarde et lorsqu’il revient la rendre, fait connaissance de Marina. Marina est belle, elle à seize ans, semble heureuse et surtout est très mystérieuse. Oscar en tombe immédiatement amoureux.
Un après-midi, ils surprennent dans le vieux cimetière de Barcelone, une femme à l’étrange comportement : elle est agenouillée devant une tombe qui n’a pour toute inscription qu’un papillon noir. Poussés par la curiosité, les deux adolescents la suivent et plongent alors dans une énigme qui hante la ville depuis trente ans.

Depuis le succès de L’ombre du vent et Le Jeu de l’ange, Carlos Ruiz Zafon est devenu l’un de ces auteurs espagnols célèbres en France dont l’œuvre antérieure est petit à petit découverte pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Marina, est le premier de ses romans traduits à destination et des adultes et des ados même si l’auteur dira dans une note en fin d’ouvrage que cette notion de “public” est pour lui très floue, préférant dire : “Je considère que j’écris pour ces gens qui aiment lire, et je ne demande jamais une photo d’identité pour vérifier leur âge, leur race ou leur sexe“. Une belle phrase qui vient éclairer sans doute le choix de deux éditeurs puisque Pocket et JC Lattès ont décidé de publier le même roman pour deux publics différents : l’un “jeune”, l’autre “adulte”.
L’histoire de Marina de Carlos Ruiz Zafon en elle même, met en scène un adolescent de quinze ans, Oscar Drai, vivant dans la Barcelone de la toute fin des années 70. La puissance religieuse est toujours là, au cœur de la vie des Espagnols et c’est tout naturellement qu’Oscar vit dans un de ces internats dirigés par des Frères, non mixte.
Pour échapper à cette ambiance bien réglée, le garçon, solitaire et aventureux par nature, court les rues de la ville après les cours. Il semble affectionner particulièrement les anciens quartiers bourgeois de Barcelone et c’est dans l’une de ces vieilles maisons qu’il croisera donc la route de l’envoutante Marina. Le lecteur la découvre alors sous le regard d’Oscar et est immédiatement subjugué par la splendeur, le côté mystérieux aussi, qui émane de la jeune fille.
La toile de fond de Marina repose sur une vieille histoire des années 30-50, autour de la personnalité de Mihail Kolvénik dont on découvre l’étrange et horrifiante passion pour les prothèses mécaniques qui le conduisirent à la folie car au fur et à mesure il est hanté par ses propres démons.
Parce que cette énigme venue du passé repose sur la création de mécanismes qui font froid dans le dos, nombreux passages de Marina feront frissonner le lecteur, le surprendront ou le glaceront d’effroi.
Dés les premières lignes, Carlos Ruiz Zafon nous met l’eau à la bouche, nous plonge au coeur du mystère et montre que l’histoire qu’il va nous conter, est très intrigante : “En Mai 1980, j’ai disparu du monde pendant une semaine.”Par la suite, le mystère et le suspense ne se démentent pas et le livre se dévore.
Marina est écrit dans un style souple et fluide, très bien détaillé. La traduction retranscrit bien le ton caractéristique des romans espagnols qui aiment faire venir les événements petit à petit, dans une langue riche et ornée de descriptions, reposant sur l’analyse des sens et sentiments. Une prose à mon goût très belle et agréable à lire qui emporte le lecteur de la première à la dernière page dans cette histoire très humaniste qui pose finalement aussi la vaste question de l’amour et des sentiments au moment où la mort, la maladie et la destruction envahissent le quotidien.
Le mieux est de relire, à la fin du roman, son début et alors les premières pages prennent tout un sens, nous donnant même envie de relire Marina une deuxième fois.

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