Éditeur : Helium (2019)
230 pages
Note :
Félix Knutsson, douze ans trois quarts, vit avec sa mère, Astrid, et sa gerbille, Horatio. Tous trois habitent dans un Combi Volkswagen « emprunté ». Astrid assure, comme chaque fois, que la situation va s’arranger, dès qu’elle aura trouvé du travail, et fait promettre à Félix de garder le secret. L’adolescent tient sa langue et parvient à faire sa rentrée dans un nouveau collège, comme si de rien n’était. Si les premiers temps, sous le soleil, sont franchement idylliques, semblables à de grandes vacances, la situation se dégrade rapidement à mesure que l’automne arrive…
Dés les premières pages de Partis sans laisser d’adresse de Susin Nielsen, j’ai éprouvé de la sympathie pour Félix, le narrateur de cette histoire. Dés ce début dans un commissariat, Susin Nielsen donne le ton de ce roman qui parle avec humour et tendresse d’une situation pourtant loin d’être heureuse et facile au quotidien : la précarité, la vie de SDF quand on est un ado. En effet, depuis quelques mois Félix et sa mère ont vu leur situation se dégrader. Alors qu’ils vivaient encore jusqu’à l’été dans un petit studio avec le dernier copain d’Astrid, la mère, ce dernier est parti et mère et fils se retrouvent à la rue lorsque le loyer n’est plus payé. Pour s’en sortir, ils “empruntent” le combi de l’ancien petit ami. Commence alors une petite vie de débrouilles tandis que Félix fait son entrée dans un collège où il retrouve un ami d’enfance.
Ce que j’ai le plus aimé dans Partis sans laisser d’adresse c’est avant tout le style chaleureux et drôle de l’auteur ainsi que les personnages qu’elle imagine. J’ai notamment aimé le duo antithétique que forme Astrid et Félix. Ainsi la mère a tendance à rencontrer les mauvais mecs, à perdre facilement son travail à cause de son franc-parler, à n’avoir pas toujours une vision des choses sur le long terme et à se laisser envahir par toutes ses émotions (bonnes ou mauvaises). Félix, lui, est du genre débrouillard, posé, optimiste et un brin philosophe. Si la situation a de plus en plus viré à la catastrophe depuis qu’il est né, au point de finir par vivre dans un combi, il garde toujours l’espoir que les choses vont s’arranger et en attendant…il se débrouille ! Ainsi, il suit Astrid dans ses projets fantasques et petits arrangements avec la réalité, avec beaucoup de bienveillance. On admire aussi sa ténacité, son courage et sa capacité à traverser les épreuves de la vie sans jamais se plaindre.
Même si le thème de Partis sans laisser d’adresse est difficile, l’histoire de Susin Nielsen est à l’image de son jeune narrateur : joyeuse. C’est une véritable aventure humaine qui est mise en scène. Une tranche de vie, tout simplement, avec ses rebondissements, ses joies, ses peines et ses espoirs. La précarité racontée sans jugement, sans pathos. La fin est positive, presque idyllique mais cela donne un peu de joie dans ce monde parfois refermé sur lui-même, où chacun semble insouciant des problèmes des autres.