Les Stagiaires de Samantha Bailly

Age : 15 ans et +
Éditeur : Milady  (2014)
300 pages

Note : 3 out of 5 stars

Pyxis, une start-up parisienne spécialisée dans les jeux vidéos et les mangas, est une entreprise qui attire les jeunes. Les nombreux stagiaires que compte Pyxis, rêvent tous d’y obtenir un poste définitif. Ophélie, étudiante dans la communication et Arthur, dans le monde de la finance, sont les derniers stagiaires recrutés. Tous les deux aspirent à obtenir un CDI chez Pyxis, mais les places sont rares…

Les stages, c’est un peu le passage obligé pour tous les jeunes demandeurs d’emplois de nos jours. S’ils permettent en effet aux jeunes adultes de mettre en application ce qu’ils ont appris durant parfois de longues années d’études, ils sont aussi souvent critiqués pour la manière dont certaines entreprises n’hésitent pas à abuser des stages et des stagiaires pour faire tourner la boîte. En suivant les six mois d’Ophélie et Arthur chez Pyxis, le lecteur (re)découvrent l’envers du décor d’une start-up qui attire et tient à son image de société cool, branchée, ouverte et fun. On s’aperçoit au fil de notre lecture qu’on est en fait assez loin de cela. Ainsi Pyxis, la start-up spécialisée dans les jeux vidéos et l’édition de mangas, où Ophélie et Arthur viennent d’être recrutés, n’échappent pas vraiment à la règle des entreprises qui “aiment” les stagaires. On y exploite sans problème ces stagiaires, leur réclamant de faire des heures supplémentaires à la chaîne, de tenir des délais serrés et de savoir déjà tout faire, le tout, évidemment, pour 436 euros par mois. L’ambiance entre collègues n’est pas si décontractée qu’on peut se l’imaginer et la hiérarchie existe avec stagiaires d’un côté et ceux qui ont décroché un CDI (le saint-graal) de l’autre.

Dans Les Stagaires, Samantha Bailly a choisi une construction où les points de vue d’Ophélie et d’Arthur sont mis en parallèle. L’un et l’autre sont très différents. Ainsi, Ophélie est une étudiante Rennaise au départ déboussolée par la vie parisienne. Un peu fleur bleue, elle est d’abord euphorique à l’idée de travailler chez Pyxis avant de découvrir que le CDI rêvé ne sera pas facile à obtenir. De son côté, Arthur est le stéréotype même du fils à papa. Parisien, issu d’une famille aisée, il ne cesse de tromper “accidentellement” sa petite amie Juliette et de faire la fête. Pour lui, Pyxis est un bon moyen pour faire une pause dans ses études de finance qui ne l’intéresse qu’à moitié. Autour de ces deux personnages principaux, gravitent les autres stagiaires de l’entreprise : Alix (la geek), Hugues (le hipster) et Enissa (l’allumeuse).
Si ces personnages permettent à tous de s’identifier à l’un ou à l’autre, et si j’ai bien aimé suivre leur parcours chez Pyxis, je regrette néanmoins que Samantha Bailly tombe parfois dans la caricature et ne fasse pas plus de nuance dans ses personnages, à l’image d’une comédie au cinéma…

Les Stagiaires réussit très bien à nous plonger dans l’ambiance de l’entreprise Pyxis et dans les déboires de chacun des personnages. Le roman est très proche de la réalité de ces jeunes qui doivent passer par des stages mal rémunérés et dont ils n’ont pas toujours les codes avant d’obtenir, peut-être, un éventuel CDD. Ceux qui ont un jour été stagiaires se reconnaîtrons donc sûrement quelques situations et apprécieront de voir qu’on est un peu tous dans la même “galère”. Il reste que le roman ne se concentre pas uniquement sur la vie dans l’entreprise, mais insiste aussi  sur les péripéties amoureuses d’Ophélie et Arthur. Ces intrigues amoureuses prennent beaucoup de place dans Les Stagiaires et j’avoue que ça m’a un peu déçue de ce point de vue notamment parce que j’ai parfois eu l’impression de tourner en rond. Arthur est un Dom Juan et on le comprend assez vite, mais pour autant Samantha Bailly fait un peu traîner le tout, ce qui est un poil agaçant…et je ne parle même pas de certains choix faits par les personnages, qui m’ont laissé plus que dubitative ou sidérée…(Remarquez, c’est aussi ça la vie…).

En quelques mots :

Les Stagiaires fut une lecture plutôt divertissante. Samantha Bailly nous plonge très bien dans la nouvelle vie de ses deux personnages principaux (Ophélie et Arthur) au sein de la société Pyxis. On y découvre l’envers du décor d’une start-up qui se veut branchée et fun mais exploite surtout ses stagiaires pour un salaire de misère. Par contre je regrette que le roman laisse surtout place aux intrigues amoureuses dans la seconde partie de Les Stagiaires. On finit par tourner un peu en rond
Côté personnages, j’ai bien aimé Ophélie et détesté Arthur (ce qui était voulu bien sûr) mais je les ai trouvé parfois caricaturaux même si ça permet à tous de s’identifier. Je serai en tout cas ravie de retrouver Ophélie dans la suite A durée déterminée, centrée cette fois sur les CDD.

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