Titan noir de Florence Aubry

Age : 15 ans et +

Éditeur : Le Rouergue  (2018)

190 pages

Note : 4 out of 5 stars

Après son bac, Elfie se trouve un job d’été dans un parc océanographique. Très vite, on lui propose de devenir dresseuse d’orques. Un boulot de rêve, croit-elle. Elle croit aussi qu’ils sont amis, Titan et elle. Elle croit que dans ce parc, les animaux sont heureux. Mais elle se trompe. Complètement.

Je ne cache pas que je me rends chaque été dans des zoos. J’aime pouvoir observer les animaux et les prendre en photos. Un loisir qui  me laisse tout de même un goût doux amer car pour que je puisse voir et photographier ces animaux, j’ai bien conscience qu’eux sont enfermés. On se donne bonne conscience en se disant que leurs enclos sont de plus en plus grands, que les soigneurs s’en occupent bien, que certaines espèces sont protégées de l’action destructrice de l’homme dans leur milieu d’origine. Mais je sais aussi très bien que ces animaux sont loin d’évoluer dans leur espace naturel. Un roman tel que Titan noir de Florence Aubry nous le rappelle violemment et nous amène forcément à nous interroger sur nos pratiques, nos habitudes.


Elfie est une jeune femme idéaliste. Elle prend ce premier job dans un parc animalier comme une bonne expérience. D’abord caissière, elle devient ensuite dresseuse d’orques, un peu par hasard et nous une complicité avec Titan. Du moins, c’est ce qu’elle pense car la réalité est tout autre… Son point de vue est contrebalancé par celui d’un autre narrateur, très critique sur la vie de Titan dans ce parc océanographique et qui semble connaître les pensées les plus profondes de l’orque et sa souffrance intérieure. Ce narrateur qui s’exprime dans les pages noires du roman emploie des  mots durs et les sentiments qu’il fait naître en nous humanise profondément ces orques.

La lecture de Titan noir a donc eu l’effet d’un violent coup de poing. Elle réveille notre sensibilité et le sort de Titan nous touche profondément. Florence Aubry parvient à nous partager la souffrance de ces animaux en captivité. Résultat : notre regard sur les zoos changent. Je n’étais déjà pas une amatrice des spectacles animaliers ( refusant d’assister à ceux-ci) mais j’en suis encore davantage convaincue après cette lecture.

Titan noir est un roman engagé qui nous donne à voir surtout les arguments de ceux opposés à l’existence des zoos. C’est aussi terrifiant qu’une vidéo de L214 et donc forcément ça nous bouleverse et ça nous amène à vouloir ne plus nous rendre dans un zoo. Je trouve très bien le fait de sensibiliser et de dénoncer la face cachée de certaines structures même si je ne veux pas non plus garder l’idée que dans ces parcs l’existence de ces animaux n’est que souffrance. ça me paraît tout de même très réducteur. Je pense qu’il faut cependant lutter contre des enclos minuscules et contre les spectacles d’animaux. Ainsi, chacun se ferra son opinion et Titan noir permet d’éveiller notre conscience sur cette problématique.

En quelques mots :

La souffrance animale est au cœur d’un débat qui anime depuis plusieurs années notre société. Un roman tel que Titan noir nous amène à réfléchir sur nos pratiques et habitudes dans les zoos en racontant l’histoire d’une orque élevée en captivité dans un parc océanographique et sa dresseuse, Elfie. Le roman alterne deux points de vue et affiche clairement son engagement : dépeindre la souffrance  de ces animaux qu’on exhibe et qu’on n’hésite pas non plus à se faire produire en spectacle. Les pages noires du roman sont les plus percutantes et touchantes car elles dépeignent les sentiments de l’orque et humanise cet animal. Titan noir est une lecture engagée et sensible. On ne peut être que touchés par l’histoire de cette orque et par sa souffrance. C’est un roman coup de poing qui nous fait réfléchir et éveille notre conscience sur cette problématique même si le propos me semble parfois un peu trop négatif. En tout cas, cela amène à réfléchir et à prendre du recul.

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