La Vérité sur Alice de Jennifer Mathieu

Age : 15 ans et +
Éditeur : Pocket jeunesse : PKJ (2016)
220 pages

Note : 4 out of 5 stars

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Il a suffit d’une rumeur pour que la réputation d’Alice vole en éclats. Bientôt, tout le monde s’est mis à la traiter de traînée. Mais quelle est la part de vérité et de mensonge tandis que le rejet et le harcèlement dont elle est victime grandissent. Quatre lycéens nous livrent leur vision de l’histoire…

La vérité sur Alice est un roman qui m’a d’emblée interpellé par les choix narratifs de l’auteur, Jennifer Mathieu. En effet, plutôt que de nous raconter l’histoire du point de vue de la victime, c’est à travers les yeux des témoins et harceleurs que nous découvrons comment Alice a perdu en quelques semaines sa belle réputation de lycéenne cool et populaire. Une rumeur et le mal est fait. Accusée d’être une traînée pour avoir couché avec deux garçons différents lors d’une soirée, puis d’en avoir tué l’un des deux en lui envoyant des sextos alors qu’il conduisait, Alice est la honte du lycée de Healy. Personne ne veut s’afficher à ses côtés, pas même sa meilleure amie. Dés lors, la machine du harcèlement démarre et devient vite incontrôlable car si “les gens ne deviennent pas méchants et vicieux du jour au lendemain (…) laissez leur un temps d’adaptation et ils seront capables du pire”. Une phrase qui marque l’esprit du lecteur, inscrite en quatrième de couverture, et qui résume parfaitement La Vérité sur Alice et, au delà de ça, le harcèlement en général.

Jennifer Mathieu raconte donc l’histoire de ce harcèlement organisé du point de vue de quatre lycéens, plus ou moins impliqués dans l’affaire. Tout d’abord, il y a Elaine, une fille populaire qui organisait la soirée où Alice aurait couché avec deux garçons. Puis Josh, le meilleur ami de Brandon, le garçon qui est mort. Ensuite Kelsie, l’ancienne meilleure amie d’Alice. Enfin, Kurt, lycéen introverti et solitaire, secrètement amoureux d’Alice. Les faits et leurs retombés sont donc narrés uniquement à travers la vision de chacun de ces narrateurs. La confrontation de leurs regards permet aux lecteurs de découvrir l’histoire du harcèlement d’Alice mais c’est aussi le formidable terreau d’une plongée dans la conscience de chacun de ces ados qui assistent au lynchage en direct d’Alice. Ces quatre ados partagent aussi leur propre histoire personnelle sans pour autant toujours parvenir à attirer notre compassion. Seul Kurt, le gentil de l’histoire, tire son épingle du jeu.

La Vérité sur Alice porte aussi très bien son titre car sans ombrage, Jennifer Mathieu raconte la cruauté dont peut faire preuve des lycéens mais aussi des adultes ( ici ils ne prennent jamais la défense d’Alice) lorsqu’il s’agit de ruiner la réputation de quelqu’un. Le roman interroge la question de la “rumeur” dans un univers scolaire et c’est avec finesse que Jennifer Mathieu en dévoile le côté très pernicieux, dans lequel tout le monde joue un rôle et tout le monde est complice. Le propos est marquant et parfois “choc” en touchant vraiment à la partie psychologique de ce harcèlement sur chacun des personnages.

Côté intrigue, c’est cette quête de vérité qui pousse aussi le lecteur à poursuivre La Vérité sur Alice. Quel est le vrai du faux parmi toutes les rumeurs qui entourent l’histoire d’Alice ? Ce n’est qu’en lisant les quatre récits que le lecteur comprend comment il suffit d’un rien pour qu’un mensonge énorme naisse…

En quelques mots :

A travers le regard de quatre lycéens, Jennifer Mathieu nous raconte la descente aux enfers d’Alice, ancienne élève cool et populaire du lycée de Healy. Une simple rumeur et sa réputation vole en éclats. Ces quatre ados lavent leur conscience et nous livrent leur point de vue pour peu à peu permettre au lecteur de découvrir la vérité et distinguer le vrai du faux.
La Vérité sur Alice interroge avec finesse la question de la rumeur dans un univers scolaire et nous dépeint sans détours la cruauté des ados dans le cadre d’un harcèlement. Le propos est marquant et parfois “choc” pour cette lecture qui veut surtout dénoncer. Jennifer Mathieu l’assume, quand il y a harcèlement tout le monde est coupable, tout le monde est complice

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