Age : 15 ans et +
Éditeur : Nathan
390 pages
Note :
Dans le monde de Joni et de Belle, il n’y a que deux options lorsqu’on est une fille. La première : accepter de se transformer pour répondre aux envies masculines et espérer, comme Belle, être remarquée pour sa beauté. Peu importe les sacrifices, la douleur, les agressions, tant qu’on suit la Doctrine…
La seconde est de faire comme Joni : casser les codes pour être juste soi-même… au risque de tout perdre. Famille, amis, avenir, en somme toute existence sociale.
Une troisième voie est-elle possible ?
À l’image de la note de l’autrice en fin d’ouvrage, on comprend vite que You Could Be So Pretty d’Holly Bourne n’est, malheureusement, pas une simple dystopie. Si elle pousse à l’extrême les diktats actuels de la beauté et de la jeunesse, ce qu’elle décrit dans ce roman fait largement écho à notre société. Aujourd’hui, personne ne peut nier que beaucoup sont obsédés par leur apparence, par la quête de l’éternelle jeunesse — un phénomène amplifié par les réseaux sociaux. Cette pression constante pousse certains à multiplier les crèmes, les soins, le maquillage, la chirurgie esthétique ou encore les achats de vêtements, quitte à y laisser leur argent… et parfois leur santé.
Dans le monde imaginé par Holly Bourne, ce sont surtout les femmes qui subissent cette mascarade, sous couvert de « choix ». Mais les hommes aussi sont concernés, pris dans un système qui façonne leur regard sur les femmes, les relations et la sexualité.
J’ai beaucoup aimé suivre les trajectoires de Belle (elle porte si bien son nom) et de Joni, deux jeunes filles que tout oppose. Le roman alterne habilement leurs points de vue : Belle, élevée dans l’obéissance à la Doctrine — cette idéologie qui valorise la perfection physique et la soumission aux désirs masculins — incarne la conformité ; tandis que Joni, éduquée par une mère féministe, refuse de céder à cette pression. Le contraste entre elles est saisissant. Tandis que Belle suit scrupuleusement les règles (sport intensif, maquillage minutieux, tenues sexy…), Joni revendique sa liberté, son droit au respect, et refuse cette mise en scène permanente du corps.
Leur rencontre, suite à un événement marquant, va initier un lent rapprochement et une remise en question très intéressante à lire pour Belle.
Avec une plume acérée, Holly Bourne signe donc un roman fort et engagé, qui dénonce les injonctions faites aux femmes, la pression sociale constante, la violence masculine, et l’impact destructeur de la pornographie sur les rapports entre les sexes. Certaines scènes sont particulièrement marquantes et feront réfléchir les lecteurs.
Le dénouement m’a beaucoup plu car il est optimiste mais également réaliste, rappelant à tous que les changements dans une société se font petit à petit.