Le Silence est à nous de Coline Pierré

Age :  15 ans et +
Éditeur : Flammarion
430 pages

Note : 5 out of 5 stars

Au début il y a Leo. Elle a vu l’agression au lycée mais elle est restée sans voix. Et puis, il y a la rencontre avec Maryam et la force des amitiés salvatrices, de celles qui changent la vie et donnent le courage de se faire entendre. Seulement, à quoi bon parler si personne n’écoute ? Une flamme s’allume et se propage. Et le silence devient plus bruyant que les mots.

Ecrit en vers libres, Le Silence est à nous de Coline Pierré est incontestablement un roman qui porte des thèmes très actuels et qui parlera aux lycéens qui veulent faire bouger les choses, aiment les livres où les héros et héroïnes sont porteurs d’une voix et apprennent à défendre leurs idées.

Léonora, élève de seconde, va assister à l’agression sexuelle d’une élève de première : Maryam. Incapable de réagir sur le coup à cause de la sidération, ce n’est qu’une fois chez elle, qu’elle comprend qu’elle ne peut pas en rester là. Elle décide alors de prendre contact avec Maryam et de l’aider à parler aux adultes. Mais rapidement, Léo s’aperçoit que certains ne sont pas prêts à considérer que la jeune fille a été agressée, particulièrement le proviseur qui décide de changer le règlement intérieur des tenues vestimentaires, au détriment des filles et de n’exclure que pour quelques jours l’agresseur. Une situation qui révolte Léo et sa meilleure amie Aïssa. Le trio décidera alors de ne pas en rester là et de lancer une grêve de la parole qui prendra peu à peu de l’ampleur au sein du lycée…

Le Silence est à nous aborde principalement la question des agressions sexuelles et la difficulté à faire bouger la société sur la perception des victimes et la réponse à opposer aux agresseurs dans ce type de situation. J’ai évidemment été sidérée par la réaction du proviseur et en même temps à peine surprise car bien souvent encore les réponses sont décevantes et à côté de la plaque.
De façon plus large le roman parle aussi d’identité de genre ( Léonora, qui préfère qu’on l’appelle Léo, étant confrontée à cette interrogation) , de réchauffement climatique et de peur de l’avenir quand on a quinze ans en 2025…

L’écriture en vers libres donne le sentiment d’être dans les pensées de Léo, dans les pensées d’un.e jeune d’aujourd’hui qui est un peu perdu.e et qui se confronte à la société d’aujourd’hui. On sent derrière ce texte toute la colère, la rage et le vent de révolte des jeunes dont Coline Pierré veut se faire aussi écho. Le ton est percutant, très fort et touchant  à certains moments. J’ai aimé l’incroyable solidarité qui va peu à peu se mettre en place tandis que ces ados  se battent pour ce qu’ils considèrent comme juste.

Le propos reste nuancé, pas forcément trop optismiste ou pessimiste, notamment sur la manière dont la grêve de la parole trouvera écho auprès des autres lycéens, des adultes de l’établissement  ou plus largement des médias.

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