Le Copain de la fille du tueur de Vincent Villeminot

Age : 15 ans et +
Éditeur : Nathan jeunesse (2016)
280 pages

Note : 3 out of 5 stars

Charles étudie au sein d’un internat pour “gosses de riches”, perdu au coeur des montagnes suisses. Cette année là, alors que son père, un grand poète meurt à petit feu d’un cancer ravageur, Charles se lie d’amitié avec le turbulent Touk-E et la mystérieuse Selma, fille d’un célèbre trafiquant de drogue, dont il tombe vite éperdument amoureux. Mais cette romance n’est-elle pas impossible et placée sous le signe de la mort en raison des origines familiales et de l’histoire personnelle de la jeune fille ?

Le Copain de la fille du tueur est le mélange surprenant entre une romance et un thriller dont l’originalité et l’ambiance sombre et étrange pourrait apparenter notre lecture au visionnage un peu dubitatif mais aussi complètement bluffé d’un film de Tarantino. C’est un peu perplexe que je sors de cette lecture avec une question en tête dont la réponse devrait être en apparence simple à trouver : est-ce que j’ai aimé ce livre ? Finalement vous imaginez bien que c’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y parait. A des moments j’ai vraiment été emportée par cette lecture et j’étais captivée, à d’autres mon attention se relâchais et je m’ennuyais un peu. La fin m’a laissée sur une impression d’étonnement permanent avec le sentiment de n’avoir pas percé complètement l’univers de Vincent Villeminot.

Le Copain de la fille du tueur nous entraîne dans un lieu et un temps qui semble déconnecté de toute réalité actuelle. Un internat pour gosses de riches et perdu au milieu des montagnes suisses, ce n’est déjà pas le quotidien de monsieur tout le monde. L’histoire se déroule en vase clos et ce n’est pas l’irruption surréaliste des barons de la drogue et de la télépathie (évitons d’en dire trop) qui rendra le tout plus réaliste. Tarantino, je vous le disais.

Personnellement j’ai beaucoup accroché au trio. Charles, l’amoureux ; Selma, la mystérieuse ; Touk-E, le turbulent portent l’histoire de Vincent Villeminot et on s’attache très rapidement à eux. La première partie du roman ( il y en en a 4 ) est particulièrement savoureuse et j’ai adoré le style de Vincent Villeminot pour nous raconter la rencontre entre Touk-E et Charles ainsi que les quatre cents coups qu’ils font ensemble pour tuer le temps. Lorsque Selma apparaît, Le Copain de la fille du tueur se charge d’une atmosphère plus mystérieuse et j’avais, tout comme Charles, envie de connaître l’histoire personnelle de l’adolescente. Le roman qui dans la première partie semblait parti pour être une comédie prend alors un virage à 180° et devient le thriller mêlé de romance annoncé. J’ai d’ailleurs vraiment aimé découvrir l’histoire d’amour entre Selma et Charles du point de vue de ce dernier, tout en pudeur et sans mièvrerie.

Les personnages et l’ambiance, c’est ce que j’ai le plus apprécié dans ma lecture de Le Copain de la fille du tueur. Le style de l’auteur aussi. Phrases ciselées, chapitres très courts, ellipses temporelles, dialogues jubilatoires, rebondissements surprenants,…etc donnent à l’écriture de Vincent Villeminot une véritable originalité et rendent cette lecture singulière.
Mais le côté totalement loufoque et improbable dans lequel l’histoire fini par nous emporter, ces révélations surprenantes sur Selma et la brutalité des événements du final m’ont laissé plus dubitative sur ma lecture. Il y a des éléments dans ce roman dont je me serais bien passée et dont je n’ai pas vraiment vu l’utilité ( cette histoire de télépathie…). ça me semblait tiré par les cheveux à certains moments voire “too much”. Encore du Tarantino peut-être ?
Au final, alors que j’étais totalement emballée au début de ma lecture, persuadée de tenir là mon prochain coup de cœur, mon emballement est un peu retombé et m’a laissée sur une idée : ce roman est un ovni.

En quelques mots

Mélange surprenant du thriller et de la romance, Le Copain de la fille du tueur se lit comme on visionne un film de Tarantino : avec perplexité. Difficile dés lors de dire si on a ou non aimé le livre car cette lecture nous laisse sur des sentiments ambivalents. Entre le génie du style de l’auteur ( là, Vincent Villeminot m’a vraiment bluffée et son écriture est singulière), l’improbabilité de l’histoire et le trio attachant et décalé on a plutôt envie de ranger Le Copain de la fille du tueur dans la catégorie des coups de coeur. Mais quand l’histoire prend un tournant de plus en plus improbable, brutale et même un brin tiré par les cheveux, on est soudain plus dubitatif. Le mystère Selma, la romance sans mièvrerie entre Charles et Selma, la turbulence de Touk-E m’ont séduite mais j’ai moins accrochée à la partie thriller qui est “too much” à mon goût. Un roman ovni qui se lit par curiosité et pour le style. Comme un Tarantino, je vous le disais.

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