Longues peines de Jean Teulé

Age :  15 ans et +
Éditeur : Pocket (2000)
190 pages

Note : 5 out of 5 stars

Une maison d’arrêt pour hommes et femmes, sur deux étages dans un endroit un peu perdu, en forme de” A”. Cyril Cambusat y entre en temps que maton tandis qu’un autre y entre pour pédophilie. Le narrateur nous raconte cet univers, ce monde fermé où des histoires se crées : d’amours, de peines, d’espoirs et parfois même des histoires un peu dingues.

De Jean Teulé, j’avais déjà lu Le Magasin des suicides, qui était on ne peut plus original. Dans Longues peines ce n’est pas la même originalité mais clairement, il y en a une, dans cette alternance de regards, dans ces petits bouts d’histoires de l’univers de cette maison d’arrêt, qui nous sont contées. La prison est un monde à part que Jean Teulé décortique dans Longues peines en mêlant les voix.
Du nouveau maton à l’histoire de quelques détenus, en passant par celle du directeur des lieux, tous sont passés en revue par Jean Teulé qui conte avec merveille et beaucoup d’humour noir le quotidien peu reluisant et dur de la prison. Que l’on soit maton ou détenu, aucun d’entre eux ne connaîtra plus la liberté, ils l’ont perdu en entrant dans les lieux et ils en crèveront sans doute. C’est dur, c’est incisif mais c’est crédible puisque pour créer son roman, Jean Teulé s’est énormément documenté.
Dans Longues peines on découvre donc toute une panoplie de personnages qui sont loin d’être des héros ou des saints, bien au contraire. Jean Teulé se focalise sur environ dix histoires et raconte avec justesse leur évolution : celle de Cyril – le nouveau, celle d’Hélène Leduc -la matonne, celle du directeur dont la femme est fragile psychologiquement, celle d’Anne la toxico, celle de Sergeï, l’amoureux transi par correspondance, celle de Coustance qui est tombé amoureux d’Elsa/Corinne ou encore celle de Popineau, violeur-pédophile… et j’en passe.
Longues peines est un roman qui ne laisse pas indifférent, très touchant, où l’on s’attache sans trop le vouloir à certains détenus. C’est un livre qui jusqu’au bout nous met face à la cruauté de l’homme et à un univers carcéral impitoyable où le maton ne deviendra jamais un ami, comme Cyril l’apprendra à ses dépends. C’est un univers qui n’est pas pour les faibles et où le pire crime est celui de la pédophilie, crime qui transformera votre vie là-bas, en enfer. Longues peines est un livre très humain mais sans concession, qui vaut le détour et servi par un style de qualité et singulier.

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