L’année solitaire d’Alice Oseman

Age : 15 ans et +
Éditeur :  Nathan jeunesse (2015)
410 pages

Note : 2 out of 5 stars

Tori entre en première et elle se sent de plus en plus détachée de l’ambiance du lycée. Elle ne reconnaît plus sa meilleure amie Becky, elle a du mal à sortir de chez elle, elle ne comprend pas pourquoi Lucas, son meilleur ami au primaire, est de retour, et pourquoi Michael Holden s’intéresse tant à elle. Elle se sent étrangère à ce monde.
Dans le même temps, le lycée dans lequel elle étudie, est victime des canulars d’un étonnant groupe d’élèves anonymes réunis sous le nom de SOLITAIRE. Un mystère qui intrigue Tori car la jeune fille se sent visée par chacune des actions de SOLITAIRE. Pourquoi ?

C’est au cours de sa dernière année de lycée, qu’Alice Oseman, 18 ans, a imaginé l’intrigue et les personnages de L’Année solitaire. Il faut dire que comme son héroïne Tori, Alice Oseman ne garde pas que de bons moments de cette époque. Période de doutes, période de changements, période de questionnements, les années lycée dans son côté le plus sombre sont explorées avec précision dans L’Année solitaire.

Alice Oseman, avec le personnage de Victoria Spring ( surnommée par tous Tori), imagine une héroïne misanthrope, pessimiste et un peu dépressive, qui porte sur le monde qui l’entoure un regard cynique et désabusé. Sans concession, ce regard sur l’adolescence est étonnant et inattendu dans la littérature anglaise, d’ordinaire moins sombre.
Alice Oseman nous replonge avec L’Année solitaire dans nos propres souvenirs de lycée et de nombreuses scènes nous rappellent des situations que nous avons pu vivre, des réflexions que nous avons eues, des questions que nous nous sommes posées. Les dialogues, nombreux, dans ce roman sonnent justes et sont honnêtes et authentiques. A travers la parole acerbe et le regard impertinent de Tori, Alice Oseman fait voler en éclat les faux-semblants, les masques et les hypocrisies de l’adolescence.

Mais L’Année solitaire malgré ces qualités, ne m’a pas complètement séduite. J’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire. Les dialogues sont justes et authentiques, certes, mais ils ne sont pas toujours très intéressants à lire. On a l’impression de replonger dans les conversations parfois futiles ou inutiles de notre adolescence. Cela ne sert pas à nourrir la trame de fond et on s’ennuie parfois à leur lecture. C’est un défaut qu’on trouve notamment au début de L’Année solitaire mais aussi ponctuellement dans notre lecture. ça m’a parfois donné envie d’arrêter de lire et ça a clairement nuit à la qualité globale de ce roman. Le mystère autour de SOLITAIRE est intéressant et donne du suspens à L’Année solitaire mais n’occupe pas la place qu’on attendait dans le roman. Là aussi, Alice Oseman ne va pas assez loin et c’est dommage. Concrètement, je me suis parfois demandée où Alice Oseman voulait aller, qu’est-ce qu’elle voulait passer comme message.

Le personnage de Tori est intriguant et j’aime beaucoup sa vision sur le lycée. Par certains aspects, elle m’a fait penser à moi-même. Certaines de ses remarques sont piquantes et visent justes. Mais c’est un personnage qui est un peu “trop”. Elle est trop misanthrope, trop asociale, trop sombre. On n’arrive pas vraiment à s’attacher à elle. Je préfère largement le personnage de Michael Holden, excentrique à sa manière et très pertinent. Le duo formé par Tori et Michael est ce qui nous donne envie de poursuivre notre lecture en plus du mystère SOLITAIRE.

La quatrième de couverture de L’Année solitaire compare le roman d’Alice Oseman à un roman de John Green. Il est vrai qu’on retrouve  chez cette jeune auteur la volonté d’explorer les faces cachées de l’adolescence, de raconter une histoire d’amitié particulière et inattendue et de camper des personnages cyniques et désabusés. Mais son écriture est encore maladroite et donne le sentiment qu’Alice Oseman a écrit son autobiographie de lycéenne…avec ses qualités et ses défauts…Je conseille donc surtout ce livre à des lycéens qui se sentent un peu dépassé et perdu par les changements de l’adolescence et ont peur de grandir, de devenir adulte.

En quelques mots :

L’Année solitaire est un roman écrit par une jeune auteur de 18 ans sur l’adolescence. Mettant en scène une héroïne désabusée, cynique et misanthrope, le roman raconte quelques mois de la vie d’une lycéenne confrontée aux changements des personnes qui l’entoure et qui porte sur son existence un regard sarcastique. L’écriture est marquée par de nombreux dialogues qui nous replongent dans nos propres souvenirs de conversations tenues à l’adolescence et ce ton donne au roman un côté très réaliste. Néanmoins, c’est aussi le principal défaut de L’Année solitaire car à force de vouloir être trop mimétique avec la réalité qu’elle dépeint, Alice Oseman ennuie aussi son lecteur avec des dialogues qui ne sont pas toujours passionnants à lire. Je me suis parfois demandée où l’auteur voulait en venir. J’ai surtout eu le sentiment de lire le journal intime d’une ado mal dans sa peau. Un avis mitigé pour cette Année solitaire qui ne m’a pas totalement convaincue et emportée.

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