Elle s’appelait Tomoji de Jirô Taniguchi

Age : 15 ans et +
Éditeur :  Rue de Sèvres (2014)
170 pages

Note : 4 out of 5 stars

Japon, début du XXème siècle. Au coeur d’un monde rural et pauvre, naît la jeune Tomoji. Son enfance, son adolescence et sa vie de jeune femme sont tour à tour évoqué…

Dans Elle s’appelait Tomoji, Jirô Taniguchi a fait le choix de parler d’une figure féminine qui a réellement existé : Tomoji Uchida. A la base, il s’agissait d’une commande de la part du temple Bouddhiste qui a été créé par Tomoji mais rapidement Taniguchi a apporté au projet sa touche personnelle. Plutôt que de raconter la construction de ce temple, sa bande-dessinée évoque l’enfance et l’adolescence de Tomoji. Comme il l’explique en fin d’ouvrage : “L’angle que j’ai choisi de privilégier (…) c’est le parcours de vie qui a façonné la personnalité de Tomoji, et qui l’a finalement conduite à choisir la voie de la spiritualité.
Le résultat est convainquant et l’histoire dresse un portrait qui se veut représentatif du monde rural pauvre japonais au début du XXème siècle. Jirô Taniguchi nous fait voyager dans le temps et son dessin nous plonge avec justesse dans cet univers rural.
Elle s’appelait Tomoji raconte ainsi le parcours de cette enfant puis adolescente très tôt confrontée à la mort d’un père, d’une sœur, et à la séparation avec sa mère. Mais c’est aussi l’histoire de la rencontre amoureuse entre Tomoji et Itô Fumiaki, qui deviendra plus tard son mari. Un amour fort, qui s’exprime dans le dessin et le texte de Jirô Taniguchi avec délicatesse et discrétion…
Le récit est sobre et on suit l’évolution au fil des années de Tomoji. On la voit grandir, se transformer, s’affirmer et on découvre au travers elle la vie des femmes issues du monde rural pauvre japonais du début du XXème siècle. La bande-dessinée manque un peu de péripéties et d’actions cependant par rapport à d’autres bandes-dessinées de Taniguchi. Un choix dont Taniguchi a conscience et qu’il explique aussi en fin d’ouvrage : “Peut-être que les mangas d’action que je réalisais autrefois sont bel et bien derrière moi (…). Mais prochains projets témoignent de cet état d’esprit : ils sont beaucoup plus proche de Elle s’appelait Tomoji (…). Disons que c’est un effet de l’âge, et n’en parlons plus.
Ce qui m’a le plus séduite dans Elle s’appelait Tomoji, c’est bien entendu les dessins de Jirô Taniguchi. J’attends toujours avec impatience chacune de ses nouvelles publications car je suis tombée amoureuse de son coup de crayon. J’aime la finesse de ses visages, la minutie de ses paysages, la délicatesse de ses dessins en général. Ses personnages me sont toujours d’emblée sympathiques et ils semblent foncièrement bons.
Les dessins de Taniguchi suffisent en général à me faire apprécier le livre dans son ensemble. C’est particulièrement le cas avec Elle s’appelait Tomoji. A la base, la thématique de la bande-dessinée ne m’attirait pas beaucoup mais sous les traits de crayons de Jirô Taniguchi, j’ai apprécié chaque planche et j’ai lu la bande-dessinée avec intérêt. Au final, je suis contente d’avoir découvert le parcours de Tomoji Uchida.

En quelques mots :

Avec Elle s’appelait Tomoji, Jirô Taniguchi raconte l’enfance et l’adolescence de Tomoji Uchida qui fut à l’initiative de la construction d’un temple bouddhiste de la région de Tokyo. Cependant sa bande-dessinée, à travers le portait de cette femme émouvante et simple, dépeint surtout l’histoire d’une famille dans le monde rural japonais du début du XXème siècle. Un texte sobre mais fort, souligné par le coup de crayon toujours aussi fin, juste et minutieux de Jirô Taniguchi. Plus que l’histoire ou la thématique de cette bande-dessinée, ce sont ces dessins qui m’ont donnés envie de lire chaque page de cette bande-dessinée. Encore une belle réussite pour le mangaka !

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