Ginette Kolinka : récit d’une rescapée d’Auschwitz-Birkenau d’Aurore D’Hondt

Age :  15 ans et +
Éditeur : Ronds dans l’O ( 2023 )
180 pages

Note : 4 out of 5 stars

Arrêtée parce que Juive en mars 1944, Ginette Cherkasky est déportée dans le camp de concentration et d’extermination de Auschwitz-Birkenau. Elle en ressort vivante avec le matricule 78599 tatoué sur le bras. Seule rescapée des membres déportés de sa famille, elle nous transmet son témoignage et nous met en garde : ” Voilà où mène la haine. “

Ginette Kolinka est une des figures les plus connues parmi les rescapés de la Shoah. Après s’être tue pendant 40 ans sur son passé, elle a décidé à partir de la fin des années 90 de raconter ce qu’elle avait vécu lors de la seconde guerre mondiale aux jeunes générations. Aurore D’Hondt, alors étudiante en école d’ingénieurs, a elle même assisté à une de ses conférences marquantes et c’est finalement celle-ci qu’elle met en scène pour nous plonger dans le parcours de Ginette Kolinka.
La première partie de cette bande-dessinée en noir et blanc dépeint toute l’insouciance de Ginette lorsque la guerre éclate et lorsque les premières mesures anti-juifs sont prises en France. On voit comment la jeune fille et sa famille s’accommodent au mieux de cette guerre et tentent de survivre malgré les privations. On voit aussi le bonheur et la naïveté de Ginette, qui ne peut pas imaginer l’horreur qu’elle vivra à partir de mars 1944. En effet, alors qu’elle n’a que 19 ans, Ginette est arrêtée avec son père et son jeune frère à la suite d’une dénonciation. A partir de ce moment, la bande-dessinée devient plus sombre et le jeu sur le noir et blanc fait ressortir ce basculement. On va suivre l’incarcération dans des prisons françaises de Ginette, son père et son frère avant qu’ils ne soient envoyés à Auschwitz-Birkenau.
Toutes les étapes de ce parcours dans une France qui collabore au génocide juifs puis sous le joug nazi, toute l’horreur de la vie dans les camps de concentration est dépeinte.  Le long trajet dans le train à bestiaux, son père et son frère gazés à la descente, les conditions de vie insalubres, la faim, la fatigue, la deshumanisation dans le camp de concentration, la libération enfin, sont racontés sans rien édulcorer. Cette barbarie absolue est mise en scène à travers une parole sincère de Ginette Kolinka et le dessin sans tabou d’Aurore D’Honth. Le témoignage est douloureux et certaines scènes de cette bande-dessinée difficiles mais l’ensemble traduit avec justesse ce qu’il s’est passé.
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