Hoax de Christophe Léon

Age : 15 ans et +
Éditeur : Oskar éditeur (2016)
220 pages

Note : 2 out of 5 stars

Professeur agrégée de français, Caroline Menez mène une vie tranquille et bien rangée. Un jour, elle décide de donner des cours particuliers chez elle à une jeune fille qui a fui  le Togo avec sa famille : Kekili Zunu. Rapidement, des bruits circulent. La prof et l’élève entretiendrait une relation amoureuse…

Les romans de Christophe Léon ont souvent pour habitude de soulever des thématiques épineuses et/ou taboues qui font passer le lecteur par toutes sortes d’émotions. Dans Hoax ( “canular” en anglais) c’est le phénomène de la rumeur et notamment son mécanisme qui est au centre de ce roman dont le titre aurait pu tout aussi bien être “Comment la rumeur m’a tuée”. Car l’issue tragique de l’histoire est connue dés le début de Hoax, l’enjeu étant alors de comprendre comment Caroline Menez, prof de lettres respectée et respectable a pu se retrouver dans une situation aussi inextricable. Le temps remonte, le lecteur revient à l’époque où Kekili Zunu, une jeune et brillante élève d’origine Togolaise fait son arrivée dans sa classe. Caroline qui voit en la jeune fille beaucoup de potentiel lui propose des cours particuliers chez elle, il ne faudra qu’une petite étincelle pour qu’une rumeur envahisse le lycée. Caroline et Kekili entretiendraient une “relation”. Les élèves et certains adultes de l’établissement n’en doutent bientôt plus.

La rumeur est disséquée dans tous ses mécanismes et sur ce point Christophe Léon fait plutôt mouche. Quoi de plus révoltant que de vivre au fil des jours l’évolution de ce “hoax” sans pouvoir agir et voir à quel point il sème le mal autour de lui. Le pire c’est qu’aucun protagoniste ne se rend vraiment compte de ce qu’il fait, ne mesure non plus la portée de ses propos, savourant même, pour certaines, l’ampleur prise par cette histoire. La rumeur s’installe peu à peu dans le lycée et exacerbe les tensions face à une Caroline Menez qui ne sait comment réagir et pire, qui se découvre peu à peu, de réels sentiments pour Kékili.

Mais si Christophe Léon décrypte bien les rouages de la rumeur, ma lecture d’Hoax fut des plus mitigée, pire elle m’a même agacée. Certes une rumeur naît très vite dans le monde de l’école, favorisée par les réseaux sociaux aussi. Je n’ignore pas non plus les quelques scandales de “pédophilies” qui ont éclaboussés l’Education Nationale, ni le fait que des profs sont parfois tombés amoureux de leurs élèves. Mais ici, dans Hoax, j’ai trouvé ça complètement fou et pas du tout crédible. Cette lecture m’a mise mal à l’aise et j’imagine que c’était le but de Christophe Léon, sauf que j’ai du mal à croire que Caroline Menez se laisse si facilement avaler par la rumeur, sans parler de la réaction parfois disproportionnée de ses collègues eux-mêmes. La rumeur est au départ si mince qu’on a bien du mal à croire que tout le monde s’y précipite ainsi. Et que dire de la posture de Caroline...je suis restée perplexe. Plutôt que d’essayer de faire taire la rumeur, l’enseignante l’aggrave avec des attitudes ambigües et un changement d’attitude qui nourrit le feu de la rumeur. ça m’a paru totalement inconcevable et même un peu malsain. Je n’ai pas envie que mes élèves lisent ce genre de texte pour comprendre le mécanisme de la rumeur parce que je trouve qu’ici, on la justifie presque, au final.

En quelques mots :

Christophe Léon qui s’attaque au phénomène de la rumeur, j’étais intéressée d’autant plus qu’il me serait aussi facile de me retrouver dans le personnage, une prof de lettres. Le lycée, les élèves, les profs, c’est mon univers et je sais que les rumeurs ne mettent pas longtemps à circuler. Avec Hoax, Christophe Léon décrypte bien les mécanismes en jeu dans la naissance, la propagation et la tentative de mettre fin à la rumeur. On sent à chaque page l’effet dévastateur de celle-ci sur les protagonistes et leur entourage. Plutôt révoltant. Mais le texte ne m’a pas seulement violentée pour son thème, il m’a aussi malheureusement agacée dans son traitement. Je n’ai pas du tout aimé la tournure prise par l’histoire, la manière dont Caroline Menez réagit à la rumeur, l’entretenant plus que la combattant. Les choix de Christophe Léon pour son histoire ne m’ont absolument pas convaincue et m’ont énervée. Plutôt que de prendre Caroline Menez en pitié, j’ai trouvé que son attitude méritait bien ce qui lui arrivait. Effet un peu contradictoire avec ce que j’attendais de cette lecture.

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