Age : 12 – 15 ans
Éditeur : De la martinière jeunesse ( 2016)
230 pages
Note : 
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Sarah et Camille s’entendent à merveille. Elles sont meilleures amies. Lorsque Mme Ravel leur demande de faire un exposé sur la malbouffe, elles se mettent ensemble et commencent leurs recherches sur internet. Elles découvrent des vidéos de plus en plus alarmantes. Sarah comprend très vite qu’on cherche à la manipuler, mais pour Camille, c’est une autre histoire. Peu à peu la jeune fille se laisse convaincre. Bientôt, elle est contactée par des rabatteurs de Daesh qui la convertissent à un islam radical et l’encourage à partir en Syrie. Camille change radicalement sous les yeux de Sarah qui ne sait comment réagir face à cette amie bien différente de celle qu’elle a connue.
Dounia Bouzar, l’auteur de Ma meilleure amie s’est fait embrigader étudie depuis de nombreuses années le phénomène de radicalisation des jeunes. Ce roman qu’elle destine aux adolescents, les victimes potentiels des rabatteurs de Daesh, est un ouvrage qui analyse et décrypte comment une ado se radicalise en quelques semaines seulement.
Dans Ma Meilleure amie s’est fait embrigader nous partons donc à la rencontre de Camille qui par un simple exposé sur la malbouffe, tombe sur des vidéos complotistes et finit par se laisser convaincre par le discours radicaliste de Daesh. Sous les yeux de sa meilleure amie Sarah, la jeune fille se coupe du reste du monde, change de comportement et sombre dans un rejet total de la société occidentale. Il faudra beaucoup de patience à sa famille, son amie Sarah pour faire sortir Camille de cet enfer et démonter jour après jour l’embrigadement dont elle a été la victime.
La lecture de Ma meilleure amie s’est fait embrigader est particulièrement intéressante et saisissante. Dounia Bouzar a une grande maîtrise de son sujet, connaît l’islam, les méthodes de radicalisation et sait ce qui transforme ces jeunes « normaux » en ados capables de faire l’apologie du terrorisme et qui souhaitent partir en Syrie. Son roman alterne aussi bien la voix de Sarah qui assiste à la radicalisation de son amie, que la voix de Camille elle-même. Par un jeu de miroir où les paroles de Sarah et Camille se répondent, le lecteur découvrent les différentes étapes par lesquelles l’une et l’autre vont passer dans cette terrible épreuve.
Le ton est juste et extrêmement réaliste. On a l’impression qu’il ne s’agit pas d’un roman mais de deux longs témoignages. Nul doute que pour écrire Ma meilleure amie s’est fait embrigader, Dounia Bouzar s’est appuyée sur les nombreux récits de ceux qu’elle a accueilli dans le cadre de son action au sein du Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), dont elle est à l’initiative.
Un roman d’actualité et essentiel, à faire lire à tous les jeunes pour leur faire comprendre de manière globale comment la radicalisation se met en place et touche la vie des jeunes mais aussi de leur entourage. En un mot : incontournable.
En quelques mots
C’est une histoire qui commence comme bien d’autres. Un exposé sur la malbouffe et des vidéos complotistes qui surgissent. L’une se laisse convaincre, l’autre non. L’une se fait embrigader par Daesh, l’autre assiste, impuissante, à la radicalisation de sa meilleure amie. Les deux voix de Camille et Sarah se construisent en miroir, sous les yeux du lecteur qui comprend, à travers leur parole, comment l’embrigadement se met insidieusement en place. Les épreuves pour en sortir seront ardues et le rôle de la famille, des amis, Dounia Bouzar le montre, est essentiel. Ma meilleure amie s’est fait embrigader est un roman juste et saisissant, incontournable pour tous ceux qui veulent montrer le vrai visage de Daesh et les effets de sa propagande, aux jeunes.
