Age : 15 ans et +
Éditeur : Didier jeunesse
150 pages
Note :
On ne sépare pas les morts d’amour se présente comme une réécriture moderne de Roméo et Juliette, transposée dans l’univers des cités d’aujourd’hui.
Le récit commence de manière déroutante mais ingénieuse : Bakari et Erynn, les deux protagonistes, sont morts. Ils se retrouvent dans une zone de transit, un tribunal de l’au-delà, où un groupe de juges (les Écoutanges) doit décider s’ils méritent le paradis ou l’enfer. Ce choix capte immédiatement l’attention. Le lecteur sait dès la première page que cette histoire d’amour s’est tragiquement achevée, mais il ignore encore pourquoi et comment. La suite du roman nous fait alors remonter le fil des événements, entre flashbacks et dialogues avec le tribunal, pour tenter de comprendre ce drame.
L’intrigue se déploie à travers les points de vue alternés d’Erynn et de Bakari, une narration qui permet d’approfondir la psychologie de chacun et de saisir toute la complexité de leur relation. On découvre peu à peu leur quotidien, leur amour interdit, mais aussi la violence et la haine ancienne qui opposent Vallon et Gâtines, leurs deux quartiers d’origine.
J’ai beaucoup aimé les deux personnages principaux. Ils sont touchants et très intéressants car ils ne sont pas clichés. Chacun a aussi son vécu, ses rêves et ses faiblesses, qu’on découvre peu à peu. J’ai particulièrement aimé la personnalité de Bakari, l’espoir qu’il incarne. Autour d’eux, d’autres personnages gravitent, tout aussi intéressants pour bien comprendre les ressorts du drame qui se joue.
Muriel Zürcher réussit également à retranscrire avec justesse l’ambiance des cités. Son style d’écriture est empreint des tics de langage des jeunes de banlieue. Ce souci d’authenticité donne une voix crédible et sincère aux personnages. Elle évite au maximum de tomber dans la caricature.
Enfin, au-delà de la romance tragique, ce livre parle aussi d’une jeunesse des « cités » qui se sent à la marge, qui ne croit plus en l’avenir, en la société, qui ne se reconnaît pas dans les codes des jeunes « de la ville ». Des jeunes qui subissent aussi les affrontements, les points de deal, le désœuvrement, et qui ne savent pas toujours comment faire autrement que de poursuivre des guerres entre gangs dont l’origine n’est plus très claire — juste une « habitude ».