Age : 15 ans et +
Editeur : Pocket (1947)
210 pages
Note :
Primo Lévi, un italien juif de 24 ans est arrêté le 13 décembre 1943 par les Allemands alors qu’il est engagé dans une action de résistance. D’abord amené à Fossoli, il sera déporté, en février 1944, à Auschwitz en Pologne avec 650 autres juifs italiens. Ce récit autobiographique nous narre les étapes de son voyage et l’année qu’il a passé dans ce camps où la faim, la maladie, la saleté et le travail rythmaient le quotidien. Son récit s’écoule jusqu’à la libération par les Russes du camps, le 27 janvier 1945.
Si c’est un homme de Primo Lévi est sans doute le livre le plus connu sur “l’univers” des camps de concentrations. Pourtant, Primo Lévi a eu beaucoup de mal à trouver un éditeur et lorsqu’il en trouva un, en 1947, il n’y eu qu’un tirage de 2500 exemplaires. Il fallut attendre 1958 pour que le livre obtienne cette fois la consécration. Il est maintenant considéré comme l’un des plus fort et émouvant témoignage de l’horreur de la shoah.
Dés le début nous sommes touchés par les événements que Primo Lévi nous raconte. Il y a comme un sentiment d’irréalité qui plane tout au long de cette lecture choc et violente, qui maltraite les pensées du lecteur et qui le met face à toute la barbarie humaine.
Des livres sur les camps de concentrations nous en connaissons tous mais je crois que Si c’est un homme est le premier à m’avoir vraiment plongée totalement dans cet “univers”, au point de ressentir le froid, la faim, la labeur en même temps que Primo Lévi…
La lecture prend du temps car il faut savoir la supporter et même cette sensation de lire une histoire et non l’Histoire, la vraie, ne nous facilite pas la lecture : impossible de dépasser plus de quelques chapitres par jour. Je crois par ailleurs qu’après la lecture de Si c’est un homme on peut avoir une vision assez juste de ce monde des camps, pour ne pas dire la meilleure vision qui soit.
Primo Lévi parlent très peu des Allemands ou, du moins, il ne révèle rien de neuf sur la cruauté des SS ou même des kapos. D’ailleurs, il n’y a aucun sentiment de haine envers ceux-ci après coup car, comme Primo Lévi l’explique dans son appendice de 1976 : “Comment aurais-je pu éprouver de la rancœur envers une armée de fantômes, et vouloir me venger d’eux ?”
Si c’est un homme n’est pas l’histoire d’un combat glorieux où la volonté de survivre est au centre. Il s’agit plutôt de décrire la vie dans les camps, dans son aspect le plus méthodique et précis qui soit possible : on notera les nombreuses descriptions de fonctionnement du camps. Un choix d’écriture qui fait référence au rapport technique de 1945 que les Alliés lui avait demandé avec un autre déporté sur le fonctionnement du camp d’extermination d’Auschwitz.
Qui plus est, et Primo Lévi le répète souvent : “le lendemain était quelque chose d’incertain et la seule chose qui comptait était de savoir comment on allait survivre à une nouvelle journée de travaux.”
Si c’est un homme est donc un texte poignant, qui nous offre une vision directe des camps, qui ne nous cache rien de leur dureté tout en étant le récit captivant d’un homme au coeur de ce “monde” à part. Primo Lévi se livre dans toute sa sincérité et sans honte à un lecteur qui ne peut demeurer que perplexe face à un tel livre où la vérité éclate sous ses yeux. Si c’est un homme mérite pleinement de passer à travers les âges, de continuer à être découvert, lu, évoqué, et on ne contestera pas qu’il est aujourd’hui un classique.
Je rajoute que ce livre m’évoque aussi Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, Shoah de Claude Lanzmann ou encore La Liste de Schindler de Steven Spelberg (d’après le roman de Thomas Keneally) : trois films (les deux premiers sont des documentaires, le troisième une adaptation autobiographique) sur ce même thème de l’holocauste.