La Solitude des nombres premiers de Paolo Giordano

Age :  15 ans et +
Éditeur :  Seuil (2009)
330 pages

Note : 4 out of 5 stars

D’un côté il y a d’abord Alice. De l’autre Mattias. Et s’ils ne se ressemblent pas, l’un muré dans un profond silence, l’autre d’abord plus ouverte, ils se croisent au cours des années, partageant une étrange amitié fleurtant parfois avec l’amour. La première est une anorexique mal dans sa peau, marquée par des rapports houleux avec son père depuis une chute de ski et le second est tout aussi en décalage : surdoué de mathématiques où il trouve de l’apaisement, il tente d’oublier le drame d’avoir perdu sa sœur jumelle… Au fil des années, le lecteur suit le parcours croisé, à la fois proche et lointain, de deux personnes si différentes et si semblables. Un garçon, une fille; un adolescent, une adolescente; un homme, une femme, perdus dans le monde et qui cherchent à reconstruire leur identité en lambeaux.

Premier roman de Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers a déjà rencontré un sucés bien mérité. Mettant en scène deux anti-héros totalement antagonistes, l’auteur dresse deux biographies croisées. Les personnages évoluent dans un monde a part qui évoque le monde d’un autiste. Brisés par la vie, l’univers des deux personnages est hermétique aux sentiments et l’écriture de Paolo Giordano parvient a véhiculer cette sensation au lecteur par une écriture soignée, acerbe, qui ne se perd ni dans le pathos ni dans les états d’âme. Livrant avec justesse un quotidien transfiguré et brutal, où les héros ne s’adaptent que difficilement, parcourus de sentiments auxquels ils ne savent pas comment réagir.
Histoire aussi d’une amitié dont l’amour est une issue impossible, Alice et Mattias se ressemblent et se distinguent, tels des nombres premiers ils font partie du même groupe sans jamais pouvoir se rejoindre, séparés par un nombre divisible.
De façon générale, l’histoire captive et intrigue, jusqu’à la fin l’issue du destin des deux héros est masquée, entretenant un suspense constant. La narration quant à elle joue sur les non-dits et parvient à retranscrire de façon déconcertante la tension de tout le récit. L’émotion est intense, puissante, poignante et terriblement séduisante.

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