Age : 12 -15 ans
Éditeur : Castelmore (2017)
310 pages
Note :
Suite à un accident de la circulation, le père d’Obayda perd l’usage d’une de ses jambes et son travail. La famille déménage et part s’installer à la campagne. La vie devient difficile. La tante d’Obayda a alors une idée pour leur porter bonheur : transformer la fillette en Bacha Posh, c’est-à-dire la faire passer pour un garçon. D’abord désemparée, Obayda (devenue Obayd) découvre la joie d’être un garçon dans un pays comme l’Afghanistan.
Les bachas posh sont des jeunes filles que l’on élève comme des garçons, jusqu’à la puberté, lorsque la famille n’a aucun fils. C’est une coutume répandue notamment en Afghanistan et au Pakistan. J’ai découvert cette pratique au cours d’une précédente lecture ( Bacha Posh de Charlotte Erlih ) et cela m’avait beaucoup intriguée car je la trouvais surprenante. Ma Vie de Bacha Posh est donc le deuxième roman que je lis sur ce sujet et je l’ai trouvé très intéressant. On découvre d’abord le quotidien d’Obayda en tant que fille. Elle a la chance d’aller à l’école et d’être assez libre de ses mouvements car ses parents ne sont pas trop traditionalistes. Mais le jour où son père est victime d’un accident et que la famille est contrainte de partir habiter à la campagne, tout change car l’absence d’un fils se fait ressentir. Pour conjurer le mauvais sort, la tante d’Obayda a alors l’idée de la transformer en Bacha Posh. Obayda devient Obayd et découvre alors la vie et les libertés que son statut de “garçon” lui accorde.
J’ai bien aimé Ma Vie de Bacha Posh. Tout d’abord parce que c’est un sujet qui m’interpelle et que j’avais envie de lire un nouveau roman sur ce thème. Je trouve qu’il complète très bien la lecture que j’avais faite de Bacha Posh, le roman de Charlotte Erlih.
Ensuite, ce que j’ai apprécié le plus c’est qu’il raconte avec justesse la manière dont Obayda va vivre cette transformation. Elle est déjà âgée de 10 ans lorsqu’elle devient une Bacha Posh et elle va donc vivre ce changement de manière ambivalente. D’un côté elle est heureuse de pouvoir profiter des libertés accordées aux garçons, mais de l’autre elle a du mal à renoncer à sa vie de fille. Du fait de son âge elle fait aussi preuve de recul et elle nous explique avec justesse les sentiments qui la traversent. Tout comme le lecteur, elle se demandera pourquoi les filles et les garçons n’ont pas les mêmes droits dans un pays qui autorise pourtant les bachas posh. D’ailleurs Obayda aura aussi du mal à redevenir une fille lorsque le temps sera venu…
Enfin, pour moi, Nadia Hashimi met en scène à merveille la problématique de la coutume des Bacha Posh et de son impact psychologique sur ces jeunes filles qui doivent du jour au lendemain devenir garçon, puis à nouveau fille, sans transition. C’est dur et en suivant l’histoire d’Obayda j’ai ressenti tout cela. L’histoire est très simple mais les rebondissements permettent de cerner l’ensemble du sujet. Nadia Hashimi ne porte pas un jugement tranché sur cette pratique que l’on peut avoir du mal à comprendre de notre point de vue occidental. Elle veut surtout pointer à travers ce récit la différence faite entre les filles et les garçons en Afghanistan. Évidemment on ne peut s’empêcher de trouver cette situation complètement injuste et donc de souffrir pour Obayda.
En quelques mots :
Si vous avez envie de découvrir l’étonnante pratique des Bachas Posh en Afghanistan alors ce roman jeunesse signé Nadia Hashimi est fait pour vous. On découvre ainsi l’histoire d’Obayda, 10 ans, obligée de devenir Obayd pour porter bonheur à sa famille. On va alors suivre le quotidien de la jeune fille, devenue Obayd. Une situation qui lui permet tout à la fois de jouir de plus grandes libertés mais qui lui fera aussi prendre conscience de la différence entre les hommes et les femmes dans son pays.
J’ai aimé cette lecture qui m’a permise d’en apprendre plus sur cette coutume. Nadia Hashimi a su adopter un ton juste et pointer l’ambivalence des sentiments d’Obayda face à la situation qu’elle vit. Ma Vie de Bacha Posh nous fait aussi réfléchir sur les questions d’injustice entre les hommes et les femmes en Afghanistan.