Vingt et une heures d’Hélène Duffau

Age : 15 ans et +
Éditeur :  L’Ecole des loisirs : Médium (2015)
130 pages

Note : 3 out of 5 stars

Lorsqu’elle se réveille ce matin-là, Pauline trouve un banal mot sur la table de la cuisine de la part de sa mère : “Je vais au pain”. Pourtant, rapidement, la jeune fille sent que quelque chose ne va pas.
Le temps passe, sa mère ne revient pas, et tandis qu’Emilien le frère de Pauline, flirte avec le danger dans l’océan, l’adolescente perd son insouciance de l’enfance…
Vingt et une heures, c’est le temps que va mettre la mère de Pauline et Emilien pour revenir…

Hélène Duffau, qui a fait ses premiers pas d’auteur dans le secteur adulte, propose avec Vingt et une heures, une incursion dans le monde de l’adolescence. Ou plus particulièrement à ce moment charnière où l’adolescent devient adulte et où il se retrouve confronté à un quotidien bien moins idyllique qu’il ne l’imaginait. C’est cette expérience que va vivre Pauline dans Vingt et une heures, où, livrée à elle-même et chargée de s’occuper, de surveiller, de protéger son frère, elle devient “grande”.

Hélène Duffau propose un récit qui loin d’être un drame, est plus une introspection intérieure. Ainsi, dans ce récit focalisé sur les pensées de Pauline, l’adolescente raconte cette étrange journée qu’elle partage avec son frère car sa mère est partie. Elle nous livre aussi ses sentiments intimes et ses questions sur la vie, l’amour, le lien frère-soeur, les parents, le monde des adultes, l’enfance que l’on quitte.
C’est la grande force de Vingt et une heures. En effet, je me suis beaucoup identifiée à Pauline et aux sentiments qui la traversent, à ses interrogations, à sa vision des choses. Je me suis retrouvée en cette adolescente.
J’ai aussi beaucoup aimé  l’étroite relation entre Pauline et Emilien. Loin d’un duo traditionnel où un frère et une soeur s’opposent, Hélène Duffau explore, au contraire, la relation fusionnelle et complémentaire de ces deux personnages. Chacun affronte le départ de la mère à sa manière : l’un en flirtant avec le danger, l’autre par l’introspection et la nécessité de protéger le plus jeune.

L’histoire en elle-même est touchante et parlera sûrement le mieux aux adolescents qui doivent comme Pauline affronter le deuil, l’absence, le départ ou la fuite (plus ou moins temporaire) d’un parent. Le ton est juste, le style est sensible.

Néanmoins, Vingt et une heures n’est pas un récit qui se lit aisément. L’écriture et les spécificités de la trame pourront perturber. En effet, Hélène Duffau alterne les chapitres qui se passent au début de la journée ( quand Pauline découvre le mot de sa mère) et d’autres, bien plus tardifs (qui se déroulent sur la plage). J’ai eu un peu de mal à comprendre ce choix car il complique la lecture et casse un peu les “rebondissements” de l’histoire.
Enfin, même si de nombreux passages sont forts et poignants, d’autres m’ont ennuyée. L’introspection intérieure est bien vue mais peut-être l’auteur en fait-elle trop. Je m’attendais à un texte qui mette en scène la recherche de la mère, qui laisse aussi plus de place au dialogue entre le frère et la soeur. Il m’a manqué un peu de changement dans la narration. Pour moi Hélène Duffau est allée un peu trop dans l’introspection, au détriment, peut-être, d’un récit plus dynamique.

En quelques mots :

Avec Vingt et une heures Hélène Duffau signe sa première incursion dans la littérature pour adolescents. Elle met en scène le passage de l’adolescence à l’âge adulte avec toutes les questions sur la vie, l’amour, la relation frère-soeur, les parents…que cela soulève. Une véritable introspection intérieure qui sonne juste et dans laquelle le lecteur accède aux sentiments les plus intimes de la jeune fille.
Un récit sensible qui manque cependant d’un peu de dynamisme, et à la construction singulière et un peu déroutante. En effet, l’auteur alterne les chapitres qui se passent au début de la journée ( quand Pauline découvre le mot de sa mère) et d’autres, bien plus tardifs (qui se déroulent sur la plage).
Vingt et une heures reste un roman touchant, dans lequel l’adolescent pourra s’identifier car les questions et sentiments soulevés par Pauline, sont universels.

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