Le Ciel de Joy de Sophie Adriensen

Age :  15 ans et +
Éditeur : Flammarion
240 pages

Note : 5 out of 5 stars

L’amour de Robinson, c’est la plus belle chose qui arrive à Joy en cette année de première. Un amour précieux quand on vit, comme elle, dans une famille où les hommes ne restent pas. De fous rires en discussions sans fin, rien ne peut compromettre ce bonheur. Jusqu’au jour où Joy apprend qu’elle est enceinte. Un bébé à 17 ans, c’est l’histoire de sa mère et de Mamika, pas la sienne. Joy sait quel choix faire : elle va avorter. Mais sans le soutien de sa famille, Joy n’est pas aussi libre qu’elle le pensait… 

Il y a un an j’avais beaucoup aimé ma lecture de 17 millimètres de Florence Médina. Lorsque j’ai reçu Le Ciel de Joy de Sophie Adriensen j’ai su rien qu’au résumé que ce livre saurait trouvé le ton juste pour traiter de la question de l’avortement. 

J’ai aimé la manière dont Sophie Adriensen aborde le sujet. En effet, contrairement à d’autres livres du même thème, Joy ne subit ni la pression d’un garçon fuyant ses responsabilités, ni celle d’une famille qui la pousserait à avorter. Ici, c’est l’inverse : sa famille, marquée par des grossesses adolescentes répétées, voit celle de Joy comme une continuité naturelle. Quant à Robinson, son copain, il est prêt à assumer. Pourtant, Joy sait ce qu’elle ne veut pas d’enfant, pas maintenant, peut-être même jamais. Mais affirmer ce choix face à une famille qui valorise la maternité et un petit ami prêt à être père est aussi compliqué que devoir avorter dans le secret ou sous la pression.

Le Ciel de Joy est un roman intimiste, porté par une adolescente de 17 ans que j’ai trouvé très mature ( Robinson aussi au demeurant) et qui nous livre au fur et à mesure toutes les étapes de son parcours :  le choc de la découverte, le déni initial, sa difficulté à trouver quelqu’un pour l’accompagner, les différents discours entendus, les démarches médicales….  On partage avec Joy ses tourments et émotions.

Sophie Adriensen explore aussi avec justesse le poids de l’héritage familial ( ce que l’autrice nomme en fin d’ouvrage « la reproduction du schéma familial« ) et la difficulté de s’en affranchir. Joy veut tracer son propre chemin mais les attentes de son entourage la renvoient sans cesse à son histoire familiale. Il reste que j’ai aimé le fait que Sophie Adriensen, à travers le parcous de la mère et grand-mère de Joy, n’oublie pas non plus de rappeler que l’avortement n’est pas toujours une obligation non plus, qu’on peut s’en sortir à 17 ans avec un bébé du moment qu’il est assumé, accepté. Ce qui importe c’est finalement de laisser le choix. Celui d’avorter ou non. Or ce choix est loin d’être autorisé partout dans le monde, comme les extraits fictifs des livres que Joy lis sur l’avortement, glissés ça et là en fin de chapitre par Sophie Adriensen, viennent le rappeler au lecteur.

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