Nous sommes tout un monde de Justine Augier

Age :  12-15 ans
Éditeur : Actes Sud Junior
260 pages

Note : 3 out of 5 stars

Après le chaos provoqué par une pandémie meurtrière, et afin qu’un tel fléau ne puisse s’abattre à nouveau, les entreprises RICH ont créé La Belle Zone : une cité coupée du reste du monde et protégée par un haut mur. Véritable havre de paix et de sécurité. Depuis sa naissance, Cléo vit ainsi enfermée avec sa mère dans un petit appartement fonctionnel, où elle étudie, interagit grâce au réseau Mondo. Ses seules distractions sont les sorties autorisées sur le toit de son immeuble transformé en potager – où elle retrouve Ilya, son unique véritable ami – et la promenade hebdomadaire en extérieur. Mais attention, sans jamais quitter sa combinaison et son masque, et sous la surveillance constante de drones… C’est le prix du bien-être de tous…

En lisant le résumé de Nous sommes tout un monde, on ne peut évidemment pas s’empêcher d’y trouver un écho à la situation actuelle que le monde traverse avec la Covid-19. Le thème de l’épidémie qui ravage une grande partie de la population et contraint les survivants à organiser une nouvelle société, n’est évidemment pas nouveau en SF, mais il est vrai qu’il trouve depuis 2020 une nouvelle résonnance ! Ainsi le monde de Cléo nous rappelle les périodes de confinement stricts, où chaque sortie était soumise à autorisation, où l’école se faisait à distance et les contacts sociaux étaient vécus à travers des écrans. Mais dans Nous sommes tout un monde, ce qui relève encore de l’exceptionnel pour nous ( et heureusement !) est devenu la norme. Cléo vit l’enfermement au quotidien depuis sa naissance tout comme la privation de ses libertés et sorties à l’extérieur de son minuscule appartement. Elle y trouve un certain côté pesant mais elle est aussi résignée par cette existence, du moins jusqu’à ce qu’une succession d’événements et rencontres commencent à la faire douter…

Nous sommes tout un monde est une dystopie assez classique dans sa construction et son développement. Ainsi, la première partie du roman, très descriptive, s’attache à nous raconter le quotidien de Cléo dans cet univers étriqué et organisé pour que l’on ne sorte pas des directions imposées par le gouvernement. Dans une seconde partie, l’héroïne entreprendra de prendre quelques risques qui la conduiront, dans une troisième et dernière partie, à découvrir l’envers et les vérités cachées de cette société. Une construction linéaire qui a fait ses preuves dans le genre mais qui pour une habituée comme moi à quelque chose d’un brin redondant avec d’autres lectures. Le déroulement tout comme la manière d’écrire m’ont d’ailleurs beaucoup fait penser à Le Passeur, un classique du genre.

Globalement j’ai trouvé intéressant la description du monde de Cléo et surtout les allusions à ce que nous avons vécu avec la Covid-19. C’est d’ailleurs pour ça que j’aurais au moins envie de faire lire Nous sommes tout un monde à des ados ( en entier, ou par extrait). Le roman aborde aussi pas mal d’aspects de la dystopie comme l’hyper-contrôle, l’absence de libre-arbitre, la surveillance étatique, la frontière entre les privilégiés de la zone et les “autres”, en dehors. En filigrane il est aussi question d’écologie. Par contre, le roman manque de rebondissements, de dialogues, d’une certaine dynamique dans l’écriture pour rendre l’histoire plus vivante et moins introspective et descriptive.

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